Réagissez !

jeudi 19 novembre 2020

Liberté de la Presse

Qui pourrait encore douter des menaces qui pèsent sur nos libertés au vu de l’information qui nous est donnée ce matin. Un journaliste de France 3 a été interpellé et placé en garde à vue alors qu’il couvrait avec sa caméra la manifestation organisée devant l’Assemblée Nationale pour dénoncer le projet de loi du Gouvernement interdisant de filmer des policiers dans leurs actions de maintien de l’ordre.

Il est évident que l’Exécutif mène une politique qui tend à restreindre la liberté d’expression. Je dis bien l’Exécutif car on observera le silence complice du Chef de l’Etat sur cette question. Il doit donner des gages à la fraction la plus réactionnaire de sa majorité dont est issu le Ministre de l’Intérieur qui défend le projet de loi devant les Députés. Celui-ci, formé à l’école sarkozyste de la Droite, est naturellement enclin à mettre en œuvre des mesures liberticides. Il en a donné une illustration supplémentaire en annonçant spontanément (il s’est rétracté par la suite) que les journalistes devaient demander une autorisation aux préfets, représentants du Gouvernement, pour exercer leurs missions d’information.

Il est vrai que nous avons un Président de la République qui n’hésite pas à appeler un journaliste du New-York Times pour se plaindre de la manière dont le journal américain a relaté la situation en France après les derniers actes terroristes.

Dans un pays démocratique, l’information doit être libre. Porter atteinte à ce principe, vouloir l’encadrer par le pouvoir politique est, incontestablement, le signe d’une dérive autoritaire.

Sur cette affaire, le poème de Martin NIERMOLLER que j’ai déjà cité ici me vient à l’esprit : « quand ils sont venus chercher…les sociaux-démocrates… je n’ai rien dit ».

Quand on arrête et place en garde à vue un journaliste, il ne faut pas se taire. Ne pas réagir pourrait conduire à une escalade dans la privation de libertés jusqu’au moment où « il ne restera plus personne pour protester » pour reprendre la formulation du poème précité.

La relation des responsables politiques avec la presse n’est pas chose facile. Je l’ai souvent vécue. Il arrive qu’un article, une présentation à la radio ou à la télévision ne plaise pas. Il faut l’accepter en considérant que c’est d’abord la responsabilité et la liberté du journaliste que d’écrire, de dire ou de montrer ce qu’il veut. C’est aussi une possibilité pour le citoyen de savoir ce qui est fait en son nom par les élus. C’est le rôle de la presse que de garantir ainsi le bon fonctionnement de nos institutions démocratiques.

Le processus engagé par le Gouvernement pour contrôler l’information est dangereux. Il faut que chacun d’entre nous en soit conscient. Les défenseurs des libertés ont le devoir impératif de s’élever contre un dispositif qui ne garantirait pas la libre information. Les journalistes avec leur plume, leur micro, leur caméra ont un rôle essentiel dans ce combat.