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lundi 18 mai 2020

Sage et responsable

Gouverner, c’est prévoir, rappelle-t-on en cette période de crise sanitaire. Cette maxime a pour auteur Adolphe THIERS, homme politique du XIXème siècle qui, malheureusement, a ordonné le massacre des fusillés de la Commune de Paris en 1871.

Gouverner, c’est aussi décider dans l’intérêt général. Ce n’est pas la chose la plus aisée. C’est cependant le rôle des responsables politiques. Ces derniers peuvent, et même doivent, s’entourer d’avis d’experts. Ce ne sont cependant pas ces derniers qui décident et si leur avis n’est pas conforme à la décision alors qu’il est formellement requis, ils n’ont pas à se répandre, dans les médias notamment, pour critiquer la décision prise. Là encore, cela revient aux politiques.

Le Conseil scientifique créé par la loi instaurant l’état d’urgence sanitaire pour assister l’Exécutif doit rendre très prochainement son avis sur l’organisation du second tour des élections municipales. Quel qu’il soit, la décision appartiendra au Gouvernement. Celui-ci serait bien inspiré de surseoir à cette organisation pour la fin du mois de juin et de reporter d’un an les deux tours des élections municipales dans les communes où le conseil n’a pas été élu le 15 mars dernier. Il suffira de soumettre au Parlement un projet de loi prolongeant d’une année le mandat des conseils municipaux de ces communes. Il est clair, en effet, que les Conseils élus le 15 mars dernier le sont dans le respect de nos règles institutionnelles. Bien évidemment, ces conseils verront la durée de leur mandat portée à 7 ans au lieu de 6.

En conséquence, il conviendra également de faire voter une loi organique portant de 6 à 7 ans la durée du mandat des sénateurs qui siègent actuellement et dont le renouvellement, pour la moitié d’entre eux, devrait avoir lieu en septembre 2020.

Si une telle initiative était prise, elle serait sage en même temps que responsable. En effet, si le second tour des municipales, et lui seul, était fixé en juin, il concernerait des citoyennes et des citoyens marqués par l’abstentionnisme du premier tour, le 15 mars, par le confinement vécu pendant deux mois et par un déconfinement décidé dans la confusion.

On risquerait d’avoir à nouveau un taux d’abstention très important. Les gens ont peur, c’est évident. Il suffit de constater que près de 75 % de la population se déplace dans les espaces publics en portant un masque. Ces personnes le font pour ne pas en contaminer d’autres au cas où elles seraient porteuses du COVID-19. Elles le font surtout par crainte de l’attraper.

Des élections sous-entendent une campagne électorale qui doit permettre aux candidats de faire connaître leurs arguments aux électrices et électeurs. Or, si le second tour avait lieu dans un mois, la relation entre les candidats et les citoyens serait rendue quasiment impossible, les gens étant forcément méfiants pour discuter ou pour recevoir des documents apportés par les candidats.

Si l’on en croit les informations qui circulent, Députés et Sénateurs seraient invités à donner leur avis sur le calendrier. J’ose espérer que certains développeront une analyse proche de la mienne et que le Gouvernement les entendra.