Une
nouvelle fois, et on ne les compte plus depuis la création de son statut à la
Libération, l’avenir de la fonction publique est menacé aujourd’hui par les
intentions du Gouvernement.
Régulièrement,
le pouvoir politique évoque la nécessaire adaptation des conditions professionnelles
dans laquelle se trouvent les fonctionnaires.
C’est
parfois pour des raisons économiques. Le coût engendré par les rémunérations,
les retraites, l’activité même pèse lourdement dans le budget de l’Etat, du
secteur hospitalier, des collectivités territoriales.
C’est
aussi parfois pour des raisons idéologiques. Il n’est pas normal, pour des
libéraux conservateurs, que des financements publics soient consacrés à des
services qui pourraient être assurés par des entreprises privées soucieuses
d’engranger des bénéfices.
Les
gouvernants, et ceux d’aujourd’hui n’y échappent pas, jouent du sentiment
d’insatisfaction ressenti par une partie de l’opinion selon lequel être
fonctionnaire constituerait une prébende défendue énergiquement par ceux qui en
bénéficieraient.
Rappelons-nous
les propos de Raymond BARRE, alors Premier Ministre, en septembre 1980,
qualifiant les fonctionnaires de « nantis ».
Monsieur
PHILIPPE, l’actuel chef du gouvernement est issu de la droite. Son ministre en
charge de la Fonction Publique, Monsieur DARMANIN, est issu de la droite. Leur
passé récent, l’idéologie dans laquelle ils ont baigné depuis qu’ils sont
entrés en politique, les amènent tout naturellement à traiter de cette
question.
Rapporteur
du budget de la Fonction Publique à l’Assemblée Nationale pendant plusieurs
années, j’ai régulièrement demandé que soient engagés une réflexion et un débat
devant l’opinion sur le rôle des services publics dans notre société.
Dans
ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, il faut sans cesse démontrer le
caractère irrationnel des arguments avancés. J’ai toujours constaté que
c’étaient les mêmes personnes qui dénonçaient le nombre trop élevé de fonctionnaires
mais qui réclamaient davantage d’enseignants, de personnels de santé, de
policiers, de magistrats. La liste n’est pas exhaustive.
Annoncer
la suppression de 120 000 postes, recourir davantage à des agents contractuels,
c’est-à-dire en statut précaire sont aujourd’hui les mesures envisagées.
N’en
déplaise à celles et à ceux qui se réclamaient hier de la Gauche et qui,
désormais, ont fait du macronisme leur nouvelle idéologie, le dispositif
envisagé est un nouveau coup porté au bon fonctionnement de notre pays. Le
« nouveau monde » proposé est celui du libéralisme triomphant.