Je ne
connais pas Monsieur Macron. Je ne l’ai jamais rencontré, sans doute parce qu’il
ne fréquentait pas les mêmes lieux que moi quand j’exerçais mes responsabilités
électives. Il a sûrement des qualités puisque François Hollande l’avait nommé
Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée puis Ministre de l’Economie.
Je suis
très sceptique sur la capacité du mouvement qu’il vient de lancer à grand
renfort médiatique, à influencer l’action politique.
Je suis
sceptique parce que l’histoire montre que de telles initiatives ne durent que
le temps d’un feu de paille. Quand on veut s’engager en politique, c'est-à-dire
participer à l’organisation de la vie collective, il existe des partis dans l’évolution
desquels on peut toujours apporter une contribution active si on croit
nécessaire leur adaptation au monde moderne.
Je suis
sceptique parce que, là encore, l’histoire nous fournit de nombreux exemples d’échecs
de rapprochements entre Gauche et Droite. Je pense notamment à la décision de
François Mitterrand de nommer en 1988, dans le gouvernement de Michel Rocard,
des ministres issus de la
Droite. Je pourrai citer aussi la tentative de récupération
de Monsieur Sarkozy, en 2007, qui a nommé des ministres considérés de gauche.
Je sais que
cette approche n’est pas partagée par certains qui votent habituellement soit à
gauche, soit à droite, mais qui aspirent à une union nationale permanente. Le « ni-ni »
de Monsieur Sarkozy, en décembre dernier, entre les deux tours des élections
régionales montre bien l’utopie d’un tel objectif.
Cela étant,
si Monsieur Macron rassemble autour de lui des hommes et des femmes qui
soutiendront le candidat de la gauche de gouvernement, dans un an, je m’en
réjouirai.
Je ne
connais pas non plus les initiateurs de ce mouvement « Nuit debout »
lancé d’abord en réaction au projet de loi consacré à la réforme de notre
législation du travail.
Il y a sûrement
parmi eux quelques « anars » toujours près à en découdre avec la France
institutionnelle et à fragiliser la République.
Il y a
peut-être des hommes et des femmes qui ont envie de crier leur soif de justice
et d’égalité. De ce point de vue, le combat n’est jamais terminé, même quand la
Gauche est au pouvoir.
Le fait qu’il
y ait des jeunes parmi ces manifestants ne peut laisser indifférents les
responsables politiques. Je ne crois pas que nous soyons dans une situation
comparable à celle de mai 1968. Il faut néanmoins rester très attentif aux
revendications exprimées et apporter des réponses.
Même si les deux points que
j’évoque ici n’ont pas forcément de lien entre eux, ils démontrent l’impérieuse
nécessité pour le Parti Socialiste d’être à l’avant-garde de la réflexion et de
l’action. Le Conseil National qui se réunit demain en sera, j’espère, la
démonstration.