Réagissez !

jeudi 2 mai 2024

Censure ?

Depuis quelque temps, le dépôt d’une motion de censure est évoqué. Il s’agirait d’obliger le Gouvernement à soumettre au débat parlementaire un projet de loi de finances rectificative pour justifier les 10 milliards d’économie budgétaire annoncée par l’Exécutif. Cette hypothèse est-elle susceptible d’être mise en œuvre ? Difficile d’y répondre par oui ou par non tant sont nombreux les paramètres à prendre en considération. 

Précisons cependant que cette loi de finances rectificative est une nécessité démocratique et que l’Exécutif, une nouvelle fois, montre son mépris du Parlement.

Une première donnée est à prendre en considération, celle du moment. Dans cinq semaines auront lieu les élections européennes. Les sondages font état des résultats potentiels exorbitants qu’obtiendrait l’extrême-droite. Les organisations politiques attachées à la République et à la Démocratie doivent en priorité s’employer à diminuer l’audience que semble recueillir le fascisme dans l’opinion publique. Alors que la tête de liste RN fuit le débat public en refusant de confronter sa conception de l’Europe avec ses adversaires, alors que l’analyse du mandat écoulé des députés européens démontre l’inactivité des élus d’extrême-droite au cours des cinq dernières années, il serait dommage de donner une tribune aux « lepénistes » à l’occasion d’un débat parlementaire occasionné par une motion de censure.

En second lieu, il faudra tenir compte des signataires de cette motion de censure. Sera-ce une initiative de la Droite, de l’extrême-droite ou de la Gauche ? Là encore, difficile de répondre. Différentes organisations en profèrent la menace sans qu’on soit assuré qu’elles la mettront à exécution.

La Droite républicaine, le parti LR, peut aisément considérer, en regard de son influence actuelle, qu’elle n’est pas assurée de garder tous les sièges détenus aujourd’hui en cas de dissolution de l’Assemblée Nationale si elle était décidée par le Chef de l’Etat en cas de vote de la motion de censure. Les députés LR peuvent néanmoins la déposer, seuls, puisqu’ils sont 61 et qu’il en faut au moins 58. Courront-ils le risque d’être suivis par une majorité, c’est moins sûr.  

L’extrême-droite, dans sa stratégie permanente de déstabilisation des institutions pourrait la déposer. Dans ce cas, on imagine mal la Gauche ou du moins une partie de ses composantes, mêler ses voix à celles des initiateurs de la motion.

A gauche, seuls les mélenchonistes ont assez de députés pour se dispenser de recueillir des signataires en dehors de leur parti. Le positionnement du leader de LFI et de certains de ses responsables en regard des problèmes internationaux et de l’Europe font apparaître trop de divergences pour que l’union redevienne crédible.

On peut donc en conclure que si une motion de censure était déposée, elle ne serait pas votée. Mais, en politique, rien n’est jamais définitif. Alors, patience, et rendez-vous le 10 juin pour, sur la base des résultats européens, préparer la suite. 

lundi 29 avril 2024

Préparer l’avenir

Le contexte politique actuel bruisse encore, quatre jours plus tard, du discours d’Emmanuel MACRON à la Sorbonne sur le thème d’une Europe qui peut mourir. Curieuse manière de préparer l’opinion publique à voter pour élire le Parlement européen, le 9 juin prochain. Nos concitoyens vont s’interroger sur le bien-fondé d’une organisation supranationale communément appelée « Union Européenne ». 

Il est vrai que cette manière d’aborder les choses correspond bien au processus politique utilisé par le personnage depuis qu’il est apparu sur le devant de la scène. En 2016, lorsqu’il s’est engagé dans la conquête du pouvoir, il n’a eu de cesse de présenter le fonctionnement de notre Démocratie républicaine comme étant obsolète. Les partis politiques, de gauche comme de droite, n’avaient plus de sens et devaient laisser la place à une forme d’ectoplasme politique dans lequel seul Jupiter dirigeait tout.

Au second tour de l’élection présidentielle de 2017, le candidat MACRON était opposé à la candidate d’extrême-droite. Il était assuré d’être désigné par une majorité de citoyens encore soucieux alors de rejeter le danger fasciste que représente le « lepénisme ». Au cours des cinq années qui ont suivi, la macronie et son leader en tête n’ont rien fait pour dénoncer les théories inacceptables du RN. Cette mouvance garantissait la réélection du président sortant en 2022. C’est ce qui se produisit.

Aujourd’hui, la situation est différente. Les résultats annoncés par les sondages prédisent une disparition de la macronie et un succès de l’extrême-droite fasciste et xénophobe. Le Président de la République semble en avoir pris conscience et s’emploie, tant dans son discours à la Sorbonne que dans la presse régionale le lendemain, à démontrer les dangers que ferait peser sur l’Europe (et donc sur la France) l’extrême-droite. Il était temps d’y penser.

Fort heureusement pour la Démocratie et pour notre République, les partis occupent toujours leur place dans le paysage politique. Parmi ceux-ci, le Parti Socialiste regagne la confiance de l’opinion. Là encore, ce sont les sondages qui le montrent. Sachons cependant que ce regain de confiance ne sera vérifié qu’au soir de l’élection, à partir des résultats constatés. C’est dire que les six semaines qui viennent devront constituer une période de campagne intense pour faire progresser davantage encore l’audience de la liste PS.

Les propositions portées par les candidats de cette liste contribuent à redonner confiance en l’Europe à un moment où la paix dans le monde est menacée, et même à nos portes. Le choix d’une liste est bien moins une affaire de personnes que la préparation de l’avenir.