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jeudi 27 novembre 2025

Des sujets d’importance

L’actualité politique française s’articule autour de plusieurs sujets dont les conclusions, et donc les conséquences, ne sont pas connues à ce jour.

Le premier de ces sujets est le budget 2026, tant celui de la Sécurité Sociale que celui de l’Etat. Sans suspens, sans surprise, le Sénat majoritairement à droite, a voté contre la suspension de la réforme des retraites. Sans suspens et sans surprise, la Commission Mixte paritaire composée de Députés et de Sénateurs n’a pas abouti à un accord entre les représentants des deux assemblées. C’est donc à l’Assemblée Nationale que reviendra la décision finale de suspendre ou non cette réforme. 

C’est là que figure la première inconnue évoquée ci-dessus : y aura-t-il une majorité de députés pour voter favorablement ou, a minima, s’abstenir sur cette suspension ? Tant que cette phase du débat parlementaire n’est pas achevée il serait prématuré d’en tirer des conclusions. Le Conseil Constitutionnel pourrait être saisi et, quelle que soit sa décision, le sujet devra être sérieusement étudié avec les partenaires sociaux et les responsables politiques. Il s’agira alors de définir, non seulement l’âge de départ possible à la retraite ; mais aussi quel type de retraite et, surtout, quel financement. Ce sont ces questions qui seront posées aux citoyens dans les rendez-vous électoraux à venir.

Le rétablissement du Service National constitue un deuxième sujet évoqué par les médias. Le Président de la République le propose. Il est dans son rôle, tant celui de Chef des Armées que celui de garant de l’indépendance Nationale et de l’intégrité du territoire. Encore faudra-t-il que la loi définissant les modalités de ce service soit votée par le Parlement. Cela consacrera une nouvelle fois le rôle déterminant des élus nationaux dans une démocratie parlementaire.

« Si tu veux la paix, prépare la guerre » écrivait déjà au IVème siècle un haut-fonctionnaire romain du nom de VÉGÈCE dans son « Traité de la chose militaire ». Sans être alarmiste et si on peut espérer qu’une nouvelle guerre comparable à celles de 14-18 ou de 39-45 ne viendra pas frapper la France, l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, le positionnement de TRUMP qui propose une paix « moscovite » et qui exprime régulièrement des réserves sur la place des Etats-Unis dans ses alliances historiques, tout cela justifie que les pays européens soient en capacité de réagir à une quelconque agression. Le droit à la Paix est un droit fondamental mais, comme tout droit, il peut être bafoué.

Au-delà d’un service militaire à la française, c’est à la mise en œuvre d’une défense européenne que les Etats membres qui constituent l’U.E. doivent s’atteler sans attendre. La France avait fait capoter le projet en 1954. Elle a l’occasion de se rattraper en étant le moteur de la réactualisation de la défense européenne.

On le voit, les thèmes de la vie politique sont suffisamment graves pour qu’on ne retienne pas des débats qu’ils suscitent, les seuls affrontements parlementaires et, parmi ceux-là, les comportements de certains députés extrémistes. La Démocratie a besoin de sérénité.

lundi 24 novembre 2025

Un budget : quand et comment

Le budget de la France pour 2026 est désormais soumis à l’examen des Sénateurs et cela pour 15 jours. La Constitution, loi fondamentale, est en cela respectée. Tant pis pour les Députés qui n’auront pas eu l’occasion de débattre sur les crédits nécessaires à la santé, l’éducation, la sécurité, l’environnement, la défense particulièrement préoccupante en cette période de crise internationale. Il est vrai que la quasi-unanimité (une seule voix pour) a rejeté les recettes envisagées. Les motivations n’étaient pas les mêmes pour les différentes formations politiques. Pour les extrêmes, lepénistes et mélenchonistes, il fallait maintenir le climat de chaos dans lequel ils se complaisent. Pour la Gauche responsable, la justice fiscale n’était pas appliquée. Pour la Droite, imposer les plus hauts revenus était contraire à sa doctrine d’inégalités sociales.

Le débat au Sénat ne sera qu’une formalité constitutionnelle. Il n’y a rien à attendre puisque la majorité de droite qui siège dans la Haute Assemblée servira davantage les intérêts des plus favorisés plutôt que la justice sociale. Dût-on être sévère vis-à-vis des Sénateurs, ce débat ne servira à rien.

Une commission mixte paritaire composée de 7 représentants de chaque assemblée (Sénat et Assemblée Nationale) tentera de trouver un accord sur un texte dont on ignore complètement le contenu. Il y a de fortes chances que cet accord ne soit pas trouvé. Les députés auront le dernier mot. Confirmeront-ils leur vote d’opposition unanime tel qu’il a été constaté dans la nuit de vendredi à samedi dernier ? La question restera posée pendant quelques jours encore. De même, le vote d’une motion de censure continuera d’être une hypothèse avec, à la suite, une éventuelle dissolution.

On le voit, la situation politique française est pleine d’incertitudes. D’aucuns regrettent le non-recours au 49.3 qui donne au Gouvernement la possibilité d’avoir un budget sans vote sur la base de ses propositions. Se reposerait alors l’opportunité d’une motion de censure. Les Socialistes notamment devraient apprécier si les propositions du Gouvernement reprennent ou non leurs exigences.

Nous n’en sommes pas là. D’autres scenarii sont possibles. Attendons de les connaître pour les analyser dans leurs conséquences. Pour l’heure, suivons quand-même les discussions sénatoriales. Des choses intéressantes y seront sûrement dites, par le Gouvernement entre autres. 

Le Premier Ministre, dans une intervention télévisée annoncée à la dernière minute, a voulu s’adresser aux Français et a fait de la pédagogie. Il a expliqué où on en était selon lui, après le rejet des recettes par les députés et alors que les sénateurs examinent les propositions du Gouvernement. Pour Sébastien LECORNU, il est trop tôt pour parler d’échec et d’ordonnances. Il a annoncé qu’il recevrait les responsables politiques pour leur demander de se positionner. Il a dramatisé les conséquences d’un non-vote du budget pour traiter des sujets d’une très grande importance, l’énergie ou la défense et la sécurité par exemple. 

Il a réaffirmé sa volonté de sortir du blocage politique. Y parviendra-t-il ? On le saura dans quelques semaines.