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jeudi 11 septembre 2025

Vous avez dit « rupture »

Rupture ! C’est le mot qui revient dans tous les commentaires qui font suite aux propos du nouveau Premier Ministre après sa prise de fonction et la passation de pouvoir entre François BAYROU et lui. C’est un mot qui parle mais dont les conséquences varient selon les circonstances et les cas où il est utilisé. 

La rupture d’un câble entraîne la fin du rôle de ce câble, sa cassure qui obligera à son remplacement si l’on veut maintenir l’usage qui en était fait. 

La rupture dans un couple, crée une séparation vécue parfois difficilement et qui peut amener des drames pour ceux qui la provoquent ou qui en subiront les effets collatéraux.

La rupture d’un contrat amène les parties à ce contrat à retrouver leur liberté et à rechercher d’autres co-contractants pour continuer les activités initiales ou en engager des nouvelles.

La rupture annoncée par le Premier Ministre concernerait la forme et le fond de l’action politique d’un gouvernement dont on ne connaît pas encore la composition. On observe cependant qu’il n’y a pas rupture entre les formations minoritaires qui ont soutenu les gouvernements depuis les élections législatives de 2024 qui ont fait suite à la dissolution inconsidérée décidée par le Chef de l’Etat.

Rupture sur la forme : on peut incontestablement faire mieux et surtout ne pas faire pire que ce que nous avons connu avec François BAYROU. Sa sortie lamentable lorsqu’il n’a obtenu qu’un tiers des députés pour le soutenir n’aura été que le résultat d’une forme de gouvernance d’une grande médiocrité.

Rupture sur le fond : sera-ce possible ? 

Il est difficile d’imaginer un renoncement de la part du Président de la République à une politique inégalitaire, injuste et antisociale telle qu’il l’a menée depuis 2017. Il déclare régulièrement qu’il n’entend pas remettre en question ce qui a été fait depuis 8 ans.

On   souligne   depuis   sa   nomination,  la  proximité  du  Premier Ministre  avec  le  Chef   de  l’Etat. Y  aura-t-il rupture  entre  les  deux ? C’est   difficilement   inimaginable. Les   mathématiciens   parleraient   de « quadrature du cercle », c’est-à-dire d’un problème qui est sans solution.

Dans ce contexte d’incertitudes, on attribue aux Socialistes un rôle qu’ils peuvent difficilement interpréter tant qu’on ne connaît pas les propositions de l’Exécutif, notamment en matière budgétaire. Il importe en effet de bien situer les responsabilités. Les Socialistes sont dans l’opposition et n’ont pas pour mission d’assurer l’action gouvernementale. Ils proposent un contre-budget à celui envisagé par le précédent gouvernement.

Désormais c’est bien à Sébastien LECORNU qu’il appartient de faire connaître ses intentions. C’est à partir de là que l’on pourra apprécier l’existence et l’importance de la rupture. 

mardi 9 septembre 2025

Compromis obligatoire

« La messe est dite », c’est ainsi que le Premier Ministre aurait pu conclure son discours devant les députés, à partir de ses convictions religieuses. Mais fort heureusement, la République est laïque et les messes n’ont pas leur place. En sollicitant la confiance des députés, François BAYROU n’a apporté aucun élément que l’on ne sache déjà. Boris VALLAUD, s’exprimant au nom du groupe socialiste, a démontré que cette initiative de demander un vote de confiance était essentiellement pour le Premier Ministre un moyen d’organiser sa sortie. C’est médiocre et, nous le disions précédemment, l’hypocrisie dans sa meilleure expression. 

Solliciter la confiance, non pas sur un programme d’action politique mais pour reconnaître un constat de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la France traduit à la fois une forme d’incompétence politique en même temps qu’un déni de la réalité.

Le Premier Ministre a voulu mettre les Députés face à leurs responsabilités. En d’autres termes il demandait qu’une majorité lui fasse confiance sans que l’on sache précisément pour faire quoi. Exercice impossible si l’on se réfère à son comportement et à ses déclarations de ces dernières semaines. Pourquoi faudrait-il être responsable des fautes politiques, des errances, des décisions inconsidérées d’Emmanuel MACRON depuis 8 ans ? François BAYROU a raison de souhaiter l’unité du pays plutôt que sa division. Encore faudrait-il ne pas oublier que le premier responsable de la division est le Président de la République lui-même.

Le vote sans surprise a confirmé qu’une majorité de députés a refusé la confiance au Gouvernement et cela dans des proportions impressionnantes. Celui- ci est donc démissionnaire. C’est au Chef de l’Etat qu’il appartient de nommer un nouveau Premier Ministre. Les Socialistes par la voix du Premier Secrétaire Olivier FAURE ont annoncé leur disponibilité pour rechercher un compromis. Parce que les rapports de force à l’Assemblée Nationale sont ce qu’ils sont, parce qu’il n’y a pas de majorité même relative, parce que ni une nouvelle dissolution ni la démission du Président de la République ne contribueraient à clarifier la situation, ce compromis entre les forces politiques est une nécessité. Les Socialistes y sont prêts y compris avec un Premier Ministre issu de la Gauche.  

On mesure aisément la difficulté de l’exercice, son impossibilité. Le renversement du Gouvernement n’a pas changé la composition numérique de l’Assemblée. A ce jour, la Gauche ne peut compter que sur un peu plus de 120 députés. Les Insoumis qui n’appartiennent pas à la Gauche responsable comme l’extrême-droite ont d’ores et déjà annoncé leur opposition à une telle hypothèse. Ces deux extrêmes rassemblent près de 220 députés. Bruno RETAILLEAU, Ministre démissionnaire mais toujours leader de la Droite républicaine, ne soutiendra pas un Premier Ministre issu des rangs de la Gauche. Laurent WAUQUIEZ a dit le contraire. Il faudrait donc qu’au moins 170 représentants de la macronie telle qu’elle gouvernait aujourd’hui renoncent à ce qu’ils soutenaient depuis 2017. La balle est donc bien dans le camp d’Emmanuel MACRON. Souhaitons qu’il se mette, cette fois, à la hauteur de sa fonction