Le budget de l’Etat pour 2026 et celui de la Sécurité Sociale sont au centre des commentaires de tous les observateurs de la vie politique française. Le débat qui se déroule au Parlement est en soi une situation inédite depuis l’instauration de la Vème République en 1958 : pas de majorité à l’Assemblée Nationale, renoncement par le Premier Ministre à l’usage du 49.3, menace de renversement du Gouvernement (ce serait le 3ème en 16 mois) avec, à la clé, une possible dissolution. Cette dernière, on le sait, ne servirait que les intérêts électoraux de l’extrême-droite.
Si les parlementaristes se réjouissent du rôle dévolu au débat parlementaire, ils doivent aussi imaginer la sortie de ce qui s’apparente à une impasse politique. Les exigences des Socialistes en matière de justice sociale et de justice fiscale ne sont pas toutes satisfaites. C’est donc bien à ce qu’il est convenu de dénommer le « bloc central », c’est-à-dire, la macronie et à la Droite dite républicaine, d’accepter des avancées dans ces domaines. Ce sont donc bien les mêmes qui portent la responsabilité du blocage et des éventuelles conséquences qui suivraient une censure et une dissolution.
Or, rappelons que ce « bloc central » s’est constitué en 2021 pour soutenir Emmanuel MACRON à l’élection présidentielle de 2022 puis aux élections législatives qui ont suivi. Si l’actuel Chef de l’Etat a pu être réélu, par défaut compte-tenu de la présence de la candidate d’extrême-droite au second tour, il n’en fut pas de même pour la majorité présidentielle sortante. Elle n’était plus alors que relative. Cette relativité s’est aggravée au lendemain des élections législatives de 2024 qui ont fait suite à la dissolution inconsidérée décidée par le Président de la République.
En d’autres termes, la situation bloquée dans laquelle la France se trouve est du seul fait du Chef de l’Etat.
On fait souvent référence, ces derniers temps, au Général DE GAULLE, à son discours de Bayeux en 1946. Dans ce discours, celui qui allait devenir douze ans plus tard le premier président de la Vème République exposait sa conception d’un pouvoir exécutif fort. C’est ce qu’on retrouvera dans la Constitution du 4 octobre 1958. C’est parce qu’il n’a pas été suivi par une majorité de Françaises et de Français lors d’un référendum en avril 1969, qu’il démissionna de ses fonctions de Président de la République.
Depuis 2022 et le second quinquennat d’Emmanuel MACRON, toutes les élections ont montré le désaveu d’une majorité de Français à l’égard de la politique menée depuis 2017. Le premier responsable, en l’occurrence le Chef de l’Etat, n’en a pas tiré les conclusions qui auraient dû s’imposer.
L’ego, en politique, doit avoir ses limites.
