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lundi 10 novembre 2025

Des Députés Socialistes responsables

Peut-on parler de « trêve » pour qualifier ces quelques jours pendant lesquels le débat parlementaire sur le budget de l’Etat et de la Sécurité Sociale est suspendu. C’est en tout cas le mot qui vient à l’esprit de l’observateur attentif au déroulement des discussions entre les Députés. Ceux-ci  se  répartissent  aujourd’hui  en  onze groupes. Il  n’y  en  avait que quatre, deux à gauche et deux à droite il y a quelques années et avant « l’avènement de la macronie ». La formule « ni de droite, ni de gauche » qui était la référence des supporters de l’actuel Chef de l’Etat et de lui-même a vite montré ses limites. Dans une assemblée sans majorité, la recherche du compromis est beaucoup plus difficile à trouver avec autant de diversités.

Dans ce contexte, les Socialistes ont démontré leur sens des responsabilités. Par leur exigence de quelques modifications, et non des moindres, dans les projets ou dans la gouvernance des macronistes, ils permettent à nos concitoyens d’entrevoir des modifications significatives de mesures jugées inacceptables par une majorité de Français.

Ainsi  en  est-il  de  la  suspension  de  la  réforme  des  retraites. C’est dire que 70 % de nos concitoyens opposés à cette réforme doivent considérer que le dialogue engagé par les Socialistes aura été payant. D’autres  formations, à  Gauche, réclamaient  également  l’abandon  de cette  réforme. Elles  étaient, en  même  temps, favorables  à  la  censure, ce qui ne permettait pas l’aboutissement de cette procédure de suspension annoncée par le Premier Ministre. Ce dernier n’a pas hésité à « recadrer » le Président de la République pour qui il ne s’agissait que d’un « décalage ». Ce sont les Français qui en décideront au moment de l’élection présidentielle de 2027 puisque les candidats devront dire clairement ce qu’ils proposent en la matière.

Bien sûr le problème est loin d’être réglé et le financement de notre système de retraite doit être imaginé de telle façon qu’il respecte la justice fiscale. Les Socialistes auront des propositions réalistes et crédibles à présenter dans ce débat à venir.

Le vote des recettes de la Sécurité sociale, vendredi dernier, par 176 voix pour, 161 contre et 58 abstentions démontre la faisabilité du compromis. Le groupe socialiste, des députés communistes et écologistes ont voté pour. L’extrême-droite et les mélenchonistes ont voté contre, confirmant ainsi leur volonté partagée de blocage de nos institutions. Les Insoumis ne ménagent pas leurs attaques à l’encontre des Socialistes. La bassesse de ces attaques, les mots utilisés nous ramènent à des périodes noires de notre Histoire. Devant ces agressions verbales, le PS doit rester serein mais ferme et rappeler en permanence sa volonté de rassemblement de la Gauche sur des objectifs responsables.

Il convient de bien expliquer aux Françaises et aux Français qui sont les véritables défenseurs de leurs préoccupations. Du dialogue peut toujours naître une solution à un problème.

L’invective, la calomnie, la violence même verbale amènent souvent le chaos. Nos concitoyens n’en veulent pas.

jeudi 6 novembre 2025

Risque de censure

Tant que le débat budgétaire en cours n’est pas terminé, d’une façon ou d’une autre, la menace du vote d’une motion de censure pèse et pèsera sur le Gouvernement. On peut facilement imaginer que ce gouvernement, LECORNU 2, comme il est convenu de l’appeler, a été nommé pour gouverner, pas pour être censuré. Or l’absence de majorité pour le soutenir et, à l’inverse, l’existence d’une possible majorité pour le censurer en fonction du positionnement des forces politiques à l’Assemblée Nationale rend l’avenir très incertain. La question posée est donc : faut-il censurer ou non ce gouvernement et, surtout, que se passera-t-il après un éventuel renversement de ce gouvernement ?

Si on le savait précisément, ce serait facile d’imaginer la suite mais la politique n’est pas une science exacte et son déroulé n’emprunte pas toujours les chemins souhaités. « Gouverner c’est prévoir » écrivait dans les années 1800-1850 Emile DE GIRARDIN, journaliste et député de la Gauche républicaine. « Gouverner c’est choisir » déclarait Pierre MENDÈS-FRANCE en juin 1953. Il ajoutait : « choisir, c’est renoncer ». Ces références doivent être présentes dans les analyses et les réflexions des députés socialistes qui, par les décisions qu’ils prendront, ouvriront une période dont la suite sera complètement différente selon les cas.

Quelques députés socialistes, sans doute inspirés par les frondeurs de la législature 2012-2017, expriment la volonté de censurer le Gouvernement, en désaccord avec la ligne décidée jusqu’alors par la direction du Parti Socialiste. Cette ligne se justifiait (et se justifie encore) par les réponses positives aux exigences de justice fiscale et de justice sociale. Toutes les réponses apportées à ce jour, tant par le Gouvernement que par les majorités de circonstance qui votent contre des mesures allant dans le sens souhaité, ne sont pas satisfaisantes. Le vote d’une motion de censure redevient donc une possibilité. Elle ne doit cependant pas être utilisée dans la précipitation. 

« Il faut donner du temps au temps » écrivait Miguel DE CERVANTÈS, auteur de Don Quichotte, à la fin du XVIème siècle. François MITTERRAND utilisait fréquemment cette formule. Elle est, elle aussi, aujourd’hui, une référence qui doit tempérer les ardeurs « censuriennes » de quelques-uns. 

Cela dit, le Gouvernement ne peut pas se retrancher derrière le débat parlementaire pour attendre que les choses se passent. Nous sommes arrivés à un moment où l’Exécutif doit dire ce qu’il souhaite. C’est vrai pour la fiscalité, créatrice de recettes budgétaires. C’est vrai aussi pour quelques domaines de l’action politique : santé, éducation, protection de l’environnement, pouvoir d’achat. Faute d’un affichage clair et sans ambiguïté de la part du Premier Ministre, faute de la démonstration par la macronie que le compromis est possible, on en reviendra à la case départ, celle qui fut créée par la dissolution de juin 2024.